EXTRACTIONOCÈNE est une journée d’étude et conversation collective sur la notion d’extractivisme et ses déplacements qui a eu lieu les 12 et 13.06.2021 sur la mezzanine et au premier étage du macLYON.
Photo : macLYON
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Théoricien·es et professionnel·les de l’art ont réfléchi au geste extractif (appliqué aux ressources naturelles, aux personnes, aux collections d'œuvres d'art…) et aux rapports que ce geste induit et entretient avec la valeur économique et les formes.
Les curatrices Victorine Grataloup et Salma Mochtari ont abordé les usages et mésusages du terme d’extractivisme dans le champ artistique, suivi par une intervention de Paul Guillibert (enseignant-chercheur en philosophie) dont les travaux concernent l’extractivisme, le post-extractivisme et leurs applications contemporaines matérielles et incorporelles.
Une discussion collective a croisé ensuite expériences, témoignages, cas d’études et fiction.
Ces interventions ont été précédées par une séance de lecture collective de A white institution’s guide for welcoming artists of Color and their audience de Fannie Sosa (animée par l'artiste Vinciane Mandrin), et par une introduction aux technologies de la « valeur » dans l’histoire des cryptomonnaies, Not a Fierce Token, avec Anne-Sarah Huet.
Image (avec l’aimable autorisation de l’artiste) : Not a fierce Token (école libre), Anne Sarah Huet
Les intervenant·es
– Salma Mochtari est curatrice et travailleuse de l’art basée en Seine-Saint-Denis. Elle est responsable de la programmation discursive et des projets éditoriaux à KADIST Paris, et membre du collectif éditorial de la plateforme d’échanges artistiques, de recherche et de traduction trilingue Qalqalah. Ses intérêts artistiques et curatoriaux portent sur les liens qu’entretiennent les imaginaires du travail artistique avec ses réalités économiques, de production et logistiques.
Elle a étudié la gestion des institutions artistiques à HEC Paris, et la philosophie contemporaine à la Queen’s University (Ontario, Canada), à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’Université Paris-Nanterre. Sa recherche académique se concentre sur les ramifications philosophiques du « tournant archivistique » dans l’art contemporain, et explore spécifiquement les archives minoritaires et les silences de l’archive.
– Victorine Grataloup est curatrice, co-fondatrice de la plateforme d’échanges artistiques, de recherche et de traduction trilingue Qalqalah (avec Virginie Bobin) ainsi que du collectif curatorial Le Syndicat Magnifique, dédié à la création émergente (avec Thomas Conchou, Anna Frera et Carin Klonowski). Elle a étudié l’histoire et la théorie des arts à l’EHESS (Paris), la Humboldt Universität (Berlin) et à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, où elle enseigne aujourd’hui, et a travaillé au Palais de Tokyo, à KADIST, à Bétonsalon - centre d’art et de recherche et au Cneai avant d’exercer ses fonctions de commissaire d’exposition en indépendante.
Son travail est transdisciplinaire et collaboratif, à l’intersection de problématiques artistiques et sociales à la croisée des langues. Elle s’intéresse aux enjeux politiques et affectifs des pratiques artistiques, aux imaginaires collectifs et aux représentations minoritaires, aux institutions souhaitables et hospitalières.
– Paul Guillibert est docteur en philosophie de l'environnement. Il co-organise le cycle de conférences « Paradis Perdus : destruction des paysages et colonisation des éco-anthroposystèmes » avec Vivian Braga Dos Santos, Stéphane Gaessler et Zahia Rahmani à l'Institut national d'histoire de l'art. Enseignant et chercheur en écologie politique, il propose une reconceptualisation du communisme à partir d'une cosmologie naturaliste attentive à la puissance d'agir du vivant. Son ouvrage Terre et capital. Pour un communisme du vivant sortira en septembre 2021 aux éditions Amsterdam. Il participe au collectif écologiste autonome Reprise de terre.
– Nesrine Salem, artiste diplômée du MO.CO. Esba, Montpellier, s'intéresse aux procédés d'hypervisibilisation de l'être diasporique, en utilisant des images qu'elle nomme « vidéo-rapportées ». À travers le travail vidéo et la mise en installation, elle souhaite mettre en avant un ailleurs commun, l'étrangeté d'un dehors familier, en liant des espaces en apparence sans aucun lien.
– Vinciane Mandrin est diplômée en 2020 de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Elle développe une pratique polymorphe en prenant l'écriture comme point de départ. Elle travaille sur les manières de penser, avec une grammaire artistique, des stratégies de défense, de fuite ou de détournement des assignations. Son travail se développe dans des formes performatives, éditoriales, sonores. Elle intervient aussi régulièrement dans des tables rondes, revues, fanzines, émissions radio... Elle a créé en 2018 le collectif féministe intersectionnel Cybersistas, groupe de travail sur les questions de discriminations dans les écoles d'art. Depuis peu, elle conçoit et anime, avec Nino André et le collectif Fouhét-Cù, des workshops autour de questions d'autodéfense féministe et de performance dans des écoles d'art (ISBA Besançon, ENSAD Paris, ENSAPC, ESACM ...). Elle a récemment présenté sa dernière pièce performative, Cabaret Quelconque, à la BF15 (Lyon).
– Poète et économiste, Anne-Sarah Huet place l’écriture au centre de sa pratique artistique. Ses textes sont associés à des objets et à des usages qu’elle expose et documente. Elle construit ses fictions comme des interfaces qui s’appuient sur la mécanique de l’espace d’exposition (ou le contexte de réception quel qu’il soit) et ses modes de valorisation.
Elle anime des workshops en école d’art sur la cryptographie, la monnaie, la théorie des jeux. Elle est par ailleurs maîtresse de conférence en économie.
Ses derniers textes sont Langages de l'élite, 7H3 R345ON (édition MoSs, 2020), et Art After economics after art (in Vikhi Vahavek, Les commissaires anonymes & ESAAA éditions, 2020).
Lecture collective de A white institution’s guide for welcoming artists of Color and their audience de Fannie Sosa, animée par l'artiste Vinciane Mandrin. Photo : ESAAA
Conférence de Paul Guillibert, photo : ESAAA
Vue d'ensemble de l'installation vidéo de Nesrine Salem avec le Talisman de Sandra Lorenzi. Photo : ESAAA