– Un échange entre Théodora Domenech et Benoît Piéron

La maladie, la mort, sont des sujets qui mettent mal à l’aise au point d’être des tabous de notre société. Cela est d’autant plus fort que les réseaux sociaux, qui invitent à une mise en scène de soi et de ses vécus intimes et personnels, placent sous silence les émotions négatives. Rien de spectaculaire dans l’attente d’un résultat, dans l’état somnolent provoqué par les calmants après une épreuve dans laquelle le corps lutte silencieusement pour survivre.

C’est contre ce tabou et pour réfléchir à la mise en scène de la maladie et la mort, que Théodora Domenech et Benoît Piéron ont décidé de relier la mort et les pratiques SM.

La particularité de la performance SM est qu’elle a lieu à huis clos. Il s’agit donc d’une mise en scène sans public, sinon les participant·es. Les deux intervenants souhaitent, par ce rapprochement, faire apparaître cette limite poreuse entre la vie réelle et sa mise en scène.

En s’inspirant de l'œuvre de Bob Flanagan, Théodora Domenech et Benoît Piéron proposent de réfléchir au sens de la répétition d’événements traumatiques, au dépassement de soi au travers la douleur, et à l’extrême bienveillance qui animent les performances SM.

Benoît Piéron, artiste, a choisi, depuis une récente hospitalisation, de relire sa pratique sous le prisme des maladies qui ont ponctué sa vie. L’art reprenant fonction de survie et de contact avec le monde.




Théodora Domenech est philosophe, spécialisée en phénoménologie des sentiments. Elle interroge les implications socio-politiques des vécus affectifs. Elle a co-fondé la plateforme curatoriale If It’s Good.

Benoit Pieron, le rouge à lèvres, 2015. Sang de l’artiste, cire, lila blanc, 11,5 x 3 x 3 cm. Courtesy de l’artiste.